Enchanté Belle Plante ! [PV Bernard De Aurius]

Ma chambre est bien rangée. Ou du moins en excluant le bureau qui est remplie de papier : il faudrait que je pense à rangée un petit peu même si je ne risque pas de gêner ma colocataire. Effectivement, je n’en ai pas encore ! Après peut-être n’es-ce pas si mal en un sens : j’ai la place que je veux pour installer mes affaires, même si celle-ci reste dans mon coin, et je peux m’habituer tranquillement à ma vie à l’établissement. Ce matin j’ai envoyé une lettre à mes parents, je leur ai envoyé des photos de l’établissement aussi, surtout du gymnase ou je m’entraine. Il me manque un peu mais je garde contact avec eux quasiment tous les jours. Là je suis assise dur le lit de ma chambre, j’ai mis pendant quelques petites minutes –le temps d’écouter deux fois la chanson- le baladeur a volume maximum : quelqu’un bien entendant aurait pu l’entendre a plusieurs pas de moi, à l’autre bout de la chambre malgré mes écouteurs. J’ai pu ainsi écrire les pas de ma chorégraphie et mémoriser la musique.

Maintenant je pars pour la bibliothèque : j’ai envie de mettre des fleurs, ou du moins une dans ma chambre, mais je ne m’y connais pas beaucoup. J’aimerais prendre une fleur simple d’entretien, mais jolie. Je ne suis pas très douée en plantation. Je ne connais pas non plus les plantes qui peuvent vivre en intérieur et si je dois les mettre à un endroit précis de la chambre : ensoleillé ou sombre. Les livres me permettront ainsi de me renseigner : en plus je n’ai pas encore eu l’occasion de faire un tour à la bibliothèque. Je suis là depuis peu donc je n’ai pas eu le temps de tout bien visiter, malgré la visite guidée de Marie. Je sors de la chambre après avoir brossée une nouvelle fois mes cheveux qui se sont un peu ébouriffé lorsque je me suis allongé sur le lit. Je longe le couloir observant les quelques élèves qui passe curieuse. Je me demande ce que ça fait parfois d’être comme eux, de pouvoir tout entendre. Je me suis habitué à mon silence, et si j’apprécie la musique je sais que je n’apprécie pas le bruit des explosions par exemple, qui reste audible malgré ma surdité. Pour avoir déjà entendue des voix grâce à mon baladeur mis à plein volume –la plupart du temps j’écoute de l’instrumental- je sais le son des paroles, mais je ne parle pas ou très peu car je ne m’entends pas.

J’arrive alors à la bibliothèque et commence à chercher dans les rayons. Ou pourrais-je trouver ce dont j’ai besoin ? Je suis les couloirs avant de tomber au pif sur la bonne rangée. Je me mets sur la pointe des pieds pour essayer d’attraper la couverture d’un gros livre à la cote avenante. Je suis trop petite !

Bernard était seul dans la bibliothèque depuis quelques heures. N'ayant aucun objets indiquant l'heure il ne savait pas que le temps s'était autant écoulé. Seul la bougie qui était quasiment entièrement fondue pouvait témoigner du temps passé à lire.
Bernard lisait. Il était en train de consulter sur l'une des nombreuses tables de la salle une majeure partie des livres traitant de plantes. A cause de sa faible vue, il portait des lunettes en demi-lune pour lire ses livres.
Bernard lisait en diagonale car il constata avec amusement que la plupart des données écrites dans les ouvrages anciens ou récents était connu du botaniste. Ainsi, il ne trouva que quelques indications sur la méthode de coupages sur des plantes ou le calendrier lunaire et solaire d'une quelconque fleur.
D'un coup, la lumière s'alluma, éblouissant le vigoureux professeur, qui fut aveuglé pendant une dizaine de secondes.
- "Ah, je ne suis plus seul.", pensa Bernard.
Bernard entendit le ou la nouvelle personne venir vers sa table. Levant son nez, il aperçut une très jeune fille aux cheveux blonds qui essayait désespérément d'attraper un livre dans l'allée "Plante" de la bibliothèque.
Le professeur se leva afin de proposer son aide à l'élève.

- Que veux-tu ? dit De Aurius avec un grand sourire. Je suis Bernard De Aurius, le professeur de botaniste. Je remarque que tu es dans le "rayon" plante, alors je pense que je peux t'aider.

Le livre est un peu trop haut et je ne sais pas comment l’atteindre : en prenant une chaise ? Pourquoi ne pense-t-il pas forcément aux petits modèles ? Tout ce qui est petit est gentil mais là sur le coup être méchante m’irait bien si ça me permettait de réussir à faire ce que je veux. La lumière fait se refléter sur la bibliothèque une ombre. Je me retourne vivement, un peu surprise puisque je ne l’avais pas vu en entrant, la tête dans les étoiles ! L’individu qui me fait fasse semble être d’un âge assez avancé : peut-être un professeur ? Ses cheveux et sa longue barbe sont grisonnants, mais pas désagréable : la longueur de la barbe, qui malgré sa couleur me fait penser à une barbe de père noël, semble bien aller à son visage. Je n’aime pas trop les barbes mais de toute manière mon avis ne compte pas. Je ne l’ai jamais croisé auparavant pendant que j’y pense. Je lui adresse un sourire pour le saluer et réfléchie à la manière dont je pourrais expliquer mon problème. Je lève mon doigt en direction du livre puis forme une page avec ma main gauche mise à plat et mes doigts en V qui suivent un texte imaginaire : c’est le signe pour le verbe « lire » en langue des signes. Il ne connait probablement pas ce langage mais le signe est plutôt simple à comprendre de visuel. Pour montrer la couleur rouge je me baisse pour toucher la couleur rouge d’un autre volume plus bas. Je passe aussi mon index droit sur mes lèvres et fait des petits mouvements de haut en bas : c’est le signe de « rouge ». Va-t-il comprendre ? A ma demande je tente de rajouter un s’il vous plaît en entremêlant mes mains et en me baissant un peu. Ce n’est pas le vrai signe mais je devrais me faire comprendre plus facilement.

Bernard attendait une réponse verbale. Il fut grandement étonné quand il vit que la fille ne faisait que des gestes bizarres dont il ne comprenait rien.
Pourquoi la fille n'a pas réagit à ses propos ?
D'un coup, par magie, le cerveau de Bernard trouva la réponse : la mystérieuse fille devait être muette ou sourde.
Bernard ne mit que quelques secondes à comprendre qu'il fallait un support pour communiquer avec la jeune demoiselle en détresse.
Comme pour signaler qu'il revient, il posa son chapeau en faisant un signe d'aller-retour et en exprimant avec de multiples gestes qu'il revenait.

Bernard, très vieux et ayant des articulations qui lui font souffrir, essaya d'aller le plus vite possible à l'entrée de la bibliothèque afin de chercher un petit tableau noir avec une craie.
Lorsque l'objet était en sa possession, Bernard fit demi-tour et marcha le plus rapide possible afin de retourner au rayon où il était précédemment avec la petite fille blonde.
Essoufflé et ayant mal à toutes ses jambes, Bernard s'écroula en tenant le tableau à la petite fille.

Le professeur, si tel est bien son rôle, me regarde avec l’air de ne pas comprendre. J’aurais mieux fait d’éviter les vrais signes comme pour rouge et de mimer une recherche d’objet. J’oublie parfois que certain ne comprennent pas mes signes voir même mes mimes. Etant sourde de naissance je me suis bien amélioré par rapport à d’autres personne pour l’art du mime mais j’ai toujours quelques lacunes à me faire comprendre par certaines personnes parfois. Il enlève son chapeau et me fait comprendre ma quelques mouvements qu’il revient dans un instant : je me demande bien ce qu’il peut être partit faire. Chercher un escabeau ? Il m’a pourtant l’air assez grand pour l’attraper… Je verrais bien de toute façon. Je m’assoie sur une des chaises à coté en l’attendant.
Quelques minutes plus tard je le vois arrivé. Il n’a pas l’air d’aller très bien et je me lève pour aller à sa rencontre. Je le vois tomber en me tendant le tableau. Je me laisse tomber doucement à côté de lui et le regarde avec inquiétude. J’attrape le tableau et le pose à côté de moi au sol. Je me place alors à côté de lui pour tenter de l’aider à se relever et s’asseoir avant de récupéré le tableau. Une fois cela fait je prends le tableau et écrit de mon écriture tout en boucle : « Vous allez bien ? Vous avez besoin de quelque chose ? Verre d’eau ? » Je lui montre mon écritoire en attendant de voir sa réponse.

Bien qu'essoufflé et âgé de 75 ans, Bernard, de par son alimentation, avait réussit à garder une certaine récupération de la respiration. Quelques minutes plus tard, Bernard avait retrouvé toutes ses capacités physiques, réduites durant son âge.
Il regarda la petite fille blonde et lui sourit.
Il vit l'écriture sur le tableau et répondit de sa voix vieillissante :
- Oui, oui, ne t'inquiète pas pour moi, ce n'est que mon âge avancé... Bon, alors, que veux-tu ?
Bernard attendit que la fille écrivit sur le tableau mais elle ne fut rien. Bernard chercha donc son bâton et le trouva à côté de lui.
Après avoir retrouvé sa précieuse canne, il l'utilisa pour se remettre sous pied et tendit amicalement son bras pour récupérer le tableau noir afin d'inscrire sa requête et ainsi permettre de communiquer, et donc d'aider, la jeune demoiselle.

Tiens, elle me fait penser physiquement à une Helianthelium... ou une Tulipe Keiserskroon... étrange...

Le professeur semble rapidement reprendre son souffle : tant mieux j’ai eu peur. Toujours assis sur mes talons je redresse un peu la tête pour le voir parler. D’après sa mimique faciale et les formes que ça bouche fait-il à l’air de vouloir me rassurer sur son état. Une légère inclinaison, peu perceptible à un œil non averti, de la tête me fait ensuite pensée à une question. Le contexte m’aide à la comprendre, après tout il m’a demandé si j’avais besoin d’aide il n’y as pas très longtemps.

Je me relève et je vais attraper la planchette pour écrire quand je vois qu’il s’en saisit pour re-noter sa question. Je lis et souris légèrement : j’avais bien compris. J’efface avec le bas de ma paume de main son message pour écrire ma réponse. Ca va vite être fatiguant je pense d’écrire, ça serait beaucoup plus simple si je pouvais parler…

« Je cherche des infos sur les plantes d’intérieur. »

J’attends qu’ils aient le temps de lire puis efface pour noter la suite une fois que je suis sûr de la fin de sa lecture.

« C’est pour mettre dans ma chambre, je n’y connais rien »